4e dimanche de Carême « Lætare »

N° 1298
Du moment que c’est valide ?

(…suite)

« Qu’on leur chante des Messes ! »

Pour ce qui concerne les Sacrements, à force de ne penser « qu’à la Messe » (c’est un défaut, une erreur depuis l’origine du combat de la plupart des traditionalistes) on a fini par oublier tous les domaines connexes qui influent sur la question. Sans parler de la vie catholique des fidèles qui se réduit trop souvent à la seule assistance à la Messe du dimanche. Et la vie surnaturelle chaque jour ?…

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En effet, par exemple, si certains sacrements ont été si profondément modifiés qu’ils en deviennent invalides (comme le sacrement de l’Ordre), qu’en est-il des effets ? C’est simple : si le sacre moderne des évêques est invalide, ces « évêques » même placés sur des sièges épiscopaux sont incapables d’ordonner des prêtres validement. Accorder à ceux-ci « l’autorisation de célébrer la Messe de S. Pie V » c’est aussi efficace que de vous autoriser à la célébrer vous-même (qui êtes un simple fidèle) ! Or c’est précisément ce qui se produit de plus en plus chez les « ralliés » : des « évêques » modernes ordonnent des « prêtres » avec le bon rite certes, mais ils n’ont aucun pouvoir sacré… On aura alors toujours l’illusion de voir et d’assister à la Messe, parfois somptueuse liturgiquement (photos de leurs sites internet), mais ce ne sera pas que du théâtre : ce sera de l’idolâtrie ! C’est d’ailleurs ce qu’avait fait un certain Luther après avoir tout bouleversé et fabriqué sa « cène ». Quand Mélanchton lui fit remarquer, à sa sortie de prison, que les fidèles n’étaient pas contents et qu’ils aimaient la Messe chantée qu’ils voulaient garder, Luther répondit aucunement gêné : « Qu’on leur chante des messes ! », étant entendu qu’il ne s’agirait que de l’extérieur, du visible par tous, tandis que l’intérieur, c’est-à-dire les intentions, les prières truquées, elles, ne seraient évidemment pas changées. C’était bien une méthode subversive, c’était bien il y a cinq siècles.

Il ne faut pas oublier une règle pratique de Théologie morale : en fait de Sacrement, on doit aller au plus sûr, pour éviter les sacrilèges et, pour ce qui concerne la Messe et le Sacrement de l’Eucharistie, pour éviter l’idolâtrie.

— « Si cela peut mettre en avant la messe de Saint Pie V »…

On ne peut utiliser que des moyens bons (ou indifférents). Ici, on est en plus dans les apparences et les faux-semblants, du genre « argument ad hominem », c’est-à-dire sans aucune valeur d’argument pour le raisonnement. Tout au plus un piège tendu pour les « faibles » (au sens des « petits », des fidèles qui doivent être conduits et protégés : « Malheur à celui qui scandalisera l’un de ces petits … », et : « Tout ce que vous aurez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’aurez fait », dit Notre Seigneur Jésus-Christ ; tout ce qu’on leur aura fait : en bien pour les défendre, comme en mal pour les perdre).

Il n’a pas été très facile pendant quarante ans de faire admettre que personne ne pouvait contester la vraie valeur de la Messe romaine (dite de S. Pie V), ce serait tellement monstrueux ! En revanche, tout a été mis en œuvre depuis le début pour faire avaler à la Chrétienté que la synaxe (le n.o.m., autrement dit le novus ordo missæ, la dite « nouvelle messe ») « était valide ». Ce n’est donc pas tant la vraie Messe qui doit être reconnue, mais la fausse qui doit être rejetée condamnée. Et c’est bien ce que vous soutenez :

— … « et permettre d’anéantir le rite de Paul VI, »…

Mais la fin ne justifiant pas les moyens, on ne peut pas prendre un moyen qui n’a qu’une apparence de bonté. D’ailleurs on sait bien par ailleurs, que les conditions à peine voilées « pour obtenir une Messe de S. Pie V » des évêques sont : 1- la reconnaissance que la synaxe est au moins aussi bonne que la vraie Messe ; 2- que le concile Vatican II est de bonne doctrine et qu’il faut l’appliquer ; 3- que les hiérarques en place sont tous plus légitimes et valides les uns que les autres.

— … « n’y aurait-il pas un progrès dans ce sens ? »

À VOUS D’EN JUGER MAINTENANT…

Mais il faut encore ajouter ceci :

Trop souvent, l’attachement à la vraie Messe ressemble à du caprice (esthétique, conventionnel ou autre). Or il ne peut évidemment s’agir que de la Foi. Ce sont donc les règles de l’Église qui s’imposent. Encore faut-il les comprendre et les vivre dans leur plénitude catholique.

Il faut donc considérer que demeure un autre vrai grand problème qui est la cause du drame que nous vivons : la question de l’Autorité. Question des responsabilités, des intentions perverses manifestées et non rétractées avec les conséquences qui sont maintenues contre la foi catholique, la vie sacramentelle, la discipline dans l’Église. D’où, aussi sous ce rapport, l’importance si grande de l’omission du una cum… au canon de la Messe.

Et puis, il y a notre témoignage de la Foi qui ne peut pas se contenter du glauque. « Justus ex fide vivit, le juste vit de la foi » dit un grand témoin (i.e. martyr) de la foi, de surcroît parlant au Nom du Saint-Esprit dans le cadre de la Révélation, puisqu’il s’agit de saint Paul.

Nous avons évidemment l’Espérance : c’est Dieu le plus fort ! Il mettra un jour un terme à cette épreuve. Il rétablira l’ordre après nous avoir condamnés à subir un terrible châtiment à cause de notre mépris ou négligence de Ses lois et de celles de Son Église. Humilions-nous, et Dieu nous sauvera.

Il y a enfin notre Charité : notre amour pour Dieu, notre amour de Dieu. La Messe est bien l’oblation parfaite, sans tâche, pure (oblatio munda dit la Liturgie). Peut-on admettre des fantaisies, pire, des monstruosités théologiques dans son cadre, son écrin doctrinal qui la met dans sa vraie valeur ? Absit !

— « Je suis perplexe... »

J’espère qu’il n’en est plus rien au terme de ce petit rappel. Sinon, eh ! bien, il faut continuer à étudier ces questions, et je tâcherai de vous y aider si vous le souhaitez. (…)

Abbé Jacques-Marie SEUILLOT.

Pour nous aider à méditer

Quant à la pureté d’intention, c’est une chose totalement nécessaire, non seulement à la réception des Sacrements, mais en tout ce que nous désirons ou que nous faisons. (S. François de Sales, Les vrais entretiens spirituels, XIX).

Notes tirées du sermon

« Lætare, Jerusalem, réjouis-toi, Jérusalem… » chantons-nous avec l’Introït de la Messe. La ville sainte désertée depuis la captivité à Babylone va bientôt retrouvrer son peuple, car les soixante-dix ans de cette captivité arrivent à leur terme. « Encore un peu de temps et les exilés rentreront dans Jérusalem : telle est la pensée de l’Église dans tous les chants de cette Messe » écrit Dom Guéranger. Nous ne sommes plus les enfants du Sinaï, ceux du peuple errant dans le désert, mais de Jérusalem, figure de la Cité céleste et éternelle, enfants de l’Église, l’épouse immaculée du Christ.

« Israël servait Dieu dans la terreur ; son cœur toujours porté à l’idolâtrie avait besoin d’être sans cesse comprimé par la crainte, et le joug meurtrissait ses épaules. Plus heureux que lui, nous servons par amour ; et pour nous “le joug est doux et le fardeau léger”. Nous ne sommes pas citoyens de la terre ; nous ne faisons que la traverser ; notre unique patrie est la Jérusalem d’en haut. Nous laissons celle d’ici-bas au Juif qui ne goûte que les choses terrestres, et qui, dans la bassesse de ses espérances, méconnaît le Christ, et s’apprête à Le crucifier. Trop longtemps nous avons rampé avec lui sur la terre ; le péché nous tenait captifs ; et plus les chaînes de notre esclavage s’appesantissaient sur nous, plus nous pensions être libres. »

Réjouissons-nous donc des consolations déjà reçues : Dieu en bon Père encourage Ses enfants ; réjouissons-nous du Salut déjà opéré par notre Sauveur, car cette certitude est le gage de vérité de ce qui a été annoncé et qui reste à accomplir pour nous : notre Salut ; réjouissons-nous surtout des consolations à venir, les plus importantes parce que les plus durables et pour cause : celles de l’éternité à conquérir.

Recommandation spirituelle de la semaine

Notre Seigneur a préparé aux terribles épreuves Ses plus intimes Apôtres, Pierre, Jacques et Jean par une joie sublime mais bien courte sur le mont Thabor lors de Sa Transfiguration. Par le court répit de ce dimanche de Lætare préparons-nous intimement à la Passion à venir.


Dimanche 9 novembre 2025
Dédicace de l’Archibasilique

du Très Saint-Sauveur
2e classe

Temps après la Pentecôte

La fête de la Dédicace de l’Archibasilique du Très Saint-Sauveur est une fête du Seigneur ; on n’y fait pas mémoire du dimanche.


S. Théodore,

martyr


On lit au Martyrologe romain de ce jour :


À Beyrouth, en Syrie [aujourd’hui au Liban,

la région étant naguère la Syrie

et autrefois la Syro-Phénicie

et la ville avait comme nom : Béryte,

la Beroth de l’Ancien Testament ?],

commémoraison de l’image du Sauveur,

laquelle ayant été crucifiée par les Juifs,

répandit du sang en telle abondance

que les Églises d’Orient et d’Occident

purent en recevoir à leur gré.


voir Le Martyrologe #90-4




Oraison - collecte
Ô Dieu, qui renouvelez chaque année en notre faveur le jour où ce saint Temple Vous a été consacré, et qui nous conservez en état d’assister aux saints Mystères, exaucez les prières de Votre peuple et accordez à quiconque entrera dans ce temple pour demander Vos grâces, la joie de les avoir obtenues. Par Jésus-Christ Votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles.
Ainsi soit-il

Vie du Saint du jour
Parmi les riches et grandioses basiliques romaines où se célébrèrent, en grande pompe, après l’ère des persécutions, les cérémonies du culte chrétien, il en est une qui occupe le premier rang et dont on fête en ce jour l’anniversaire de la Dédicace.


Placé sur le mont Cœlius, le palais des Laterani appartenait alors à Fausta, femme de Constantin. Cet empereur, après sa conversion, le donna au Pape pour sa demeure privée et y fonda l’église du Latran qui devint la mère et maîtresse de toutes les églises de Rome et du monde.


Le 9 novembre 324, le pape saint Sylvestre la consacra sous le nom de basilique du Saint-Sauveur. C’était la première consécration publique d’une église.


Longtemps après, sous Lucius II (XIIe siècle), elle fut dédiée à saint Jean-Baptiste, dont le nom avait été donné au baptistère qui y était adjoint. Aussi la désigne-t-on de nos jours sous le titre de Saint-Jean de Latran.


C’est dans cette basilique et le palais attenant que se sont tenus, du IVe au XVIe siècle, plus de vingt-cinq conciles, dont cinq œcuméniques. C’est là que se faisait la Station aux jours les plus solennels. On y célébrait les ordinations, on y réconciliait les pénitents, on y donnait le baptême aux catéchumènes le jour de Pâques ; et, néophytes, ils y venaient en procession pendant toute l’octave.


C’est à Saint-Jean de Latran que s’ouvre, le premier Dimanche de Carême, la grande saison liturgique consacrée à la pénitence, c’est là que se fait la réunion du Dimanche des Rameaux et celle du Mardi des Rogations, c’est là qu’on procède aux cérémonies du Jeudi-Saint et du Samedi-Saint et que l’on célèbre la Messe le Samedi in Albis et la veille de la Pentecôte.


Cette église, ayant été détruite, fut reconstruite et consacrée de nouveau par Benoît XIII, en 1726, et la mémoire de cette consécration fut fixée, comme celle de la première, au 9 novembre.


 voir la grande vie du Saint


Résolution pratique du jour
N’entrez jamais dans les églises sans vous pénétrer des pensées de la Foi.

Méditation du jour
Où reposerons-nous après notre mort ?  suite

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