N° 1322-1323
DE LA POLITESSE


Le début de la question : voir Bulletin Dominical N° 1319 #1070

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La politesse est curieusement considérée aujourd’hui comme de l’hypocrisie. Faut-il qu’on soit tombé bien bas pour en arriver là. Certes, la politesse se remarque d’abord par une attitude extérieure, et si elle ne correspond pas à une réalité intérieure, on tombe bien d’une certaine façon dans l’hypocrisie. Pourtant, c’est oublier un peu vite que s’il est fort dommage (et dommageable) qu’il n’y ait pas correspondance, il n’en demeure pas moins que la politesse extérieure, même si elle reflète mal (ou pas du tout) l’attitude intérieure, est encore une qualité, permet un minimum de vie en société et peut aussi être le point d’appui pour se ressaisir et mettre l’intérieur en conformité avec l’attitude extérieure.

Il est quand même un peu facile, et pour tout dire, dans la manière des rustres, de se dispenser de la politesse sous prétexte qu’on prétend conformer ses actes à ses pensées et ainsi avoir cette belle vertu de n’être point hypocrite ! C’est ainsi que notre monde moderne vit, puisque l’on ne se cache plus pour faire le mal, qu’on s’en enorgueillit et qu’on arrive à appeler bien le mal (et pour le même prix, mal le bien) ! On se souvient peut-être de ce triste personnage du temps de la révolution dite française qui, au moins, reconnaissait que « l’hypocrisie est l’hommage du vice rendu à la vertu… ».

Tout royaume divisé périra. Si nous vivons effectivement avec seulement de la politesse extérieure, l’hypocrisie prendra le dessus avant d’arriver à l’étape suivante : unifier l’attitude extérieure avec l’intérieure (et finir par cracher à la figure des gens…). Le Catholique devra tendre rapidement à l’unité, mais en conformant le sentiment intérieur avec la politesse extérieure et devenir aimable entièrement. Travail de l’éducation d’abord. De l’ascèse ensuite.

DU VOUSSOIEMENT

Comme je l’ai annoncé dans le Bulletin Dominical N° 1319, une application de la politesse est le voussoiement. Une précision d’abord :

On lit dans la première édition du dictionnaire de Littré (1878) : « On a dit vouvoyer ; mais le mot est mal formé ; vous ne peut amener la syllabe voy, tandis que tutoyer est fait de tu et toi. HIST. : XIVe s. : (vosoier - du Cange, latin vosare). Au XVIe s. : “touchant à l’inventeur de vousier, je ne l’ay treuvé ; mais j’hay bien treuvé que cela estoit desjà en cours, du temps de l’empereur Trajan, aux epistres de Pline deuxième qui le vousioit luy escrivant” (Bonivard, Noblesse, p. 242) ». J’avoue ma perpléxité concernant cette dernière indication et je n’ai pas trouvé l’un des passages de Pline le jeune indiqués. Mais, il écrivait en latin qui devait donc avoir en l’occurrence cette forme de politesse. Peut-être à la manière du grec, en reprenant de manière redondante le tu ou le toi ? J’en appelle aux latinistes distingués !

En revanche, j’ai trouvé, dans l’homélie XVI sur saint Matthieu de saint Jean Chrysostôme, ce passage : « “Celui qui aura dit à son frère, raca, sera condamné par le conseil.” Il appelle ici conseil le tribunal des Hébreux ; ce qu’il dit du reste pour ne point paraître viser toujours à la nouveauté. Le mot raca ne constitue pas précisément une très grave injure, c’est une expression d’arrogance et de mépris. De même que, en parlant à nos domestiques ou bien aux gens de la plus basse condition, il nous arrivera de dire : “Va, toi ! ; dis-lui, toi !” ; de même ceux qui parlent le syrien disent communément raca : ce mot tient dans leur langue la place de ce toi dédaigneux de la nôtre. »

On voudra bien ne pas oublier toutefois que ce docteur de l’Église écrivait en grec, que l’ajout du toi renforce et modifie ce qui de soi n’aurait pas ce sens intentionnellement méprisant. Saint Jean Chrysostôme poursuit :

DES PUNITIONS DIVINES

« Dieu dans Sa bonté réprime les plus légers désordres, nous faisant un devoir de nous traiter réciproquement avec les égards et le respect convenables, afin de mieux détruire les grands abus. “Celui qui aura dit à son frère, insensé, sera digne des feux de la géhenne.” Beaucoup regardent ce précepte comme bien rigoureux et bien dur : on s’étonne que pour une simple parole, on ait à subir un si terrible châtiment. Plusieurs pensent même qu’il faut voir là une expression hyperbolique.

« Mais je crains que nous ne nous fassions illusion par des paroles complaisantes, et qu’en réalité le dernier supplice ne nous soit réservé.

« Pourquoi ce précepte vous parait-il donc si rigoureux ? Ne savez-vous pas que la plupart des supplices et des péchés prennent leur source dans les paroles ? Par les paroles : les blasphèmes et les reniements ; par les paroles : les insultes et les outrages ; par les paroles, enfin : les parjures et les faux témoignages, les meurtres eux-mêmes. Ne regardez donc pas s’il n’y a là qu’une parole prononcée ; examinez plutôt la grandeur du danger auquel elle vous expose. Ignorez-vous que sous l’empire de la haine, quand l’âme est aigrie et la colère enflammée, la moindre chose paraît grande, la moindre injure un intolérable tourment ? Souvent ces petites choses ont occasionné des homicides, des cités entières en ont été bouleversées.

« Entre amis, des manquements quelquefois assez graves ne sont rien ; l’inimitié rend insupportables les plus insignifiants : des paroles dites sans intention sont regardées comme inspirées par un mauvais sentiment. Il en est de cela comme du feu : une légère étincelle n’enflammera pas aisément le bois, alors même qu’il y en aurait là des masses ; mais, si la flamme a déjà gagné, ce n’est pas le bois seul, c’est une matière quelconque qui lui sert d’aliment, les pierres elles-mêmes sont calcinées ; ce qu’on emploie pour l’éteindre concourt à l’exciter. »

(à suivre) : voir Bulletin Dominical N° 1324-1325 #783

NOS SAINTS DE PROVENCE

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Quitte à faire du tourisme, que ce soit pour mieux connaître les racines chrétiennes et le riche patrimoine de notre Provence. Tandis que l’on fêtait (?) le 12 août saint Porcaire, abbé de Lérins et ses 500 compagnons, martyrisés par les Sarrasins au VIIIe siècle,

le 19 sera la fête de saint Louis d’Anjou (en fait de Brignoles) petit-neveu du roi saint Louis, évêque de Toulouse et mort à vingt-trois ans.

Le 23 : saint Sidoine, l’aveugle-né de l’Évangile, compagnon de saint Maximin et deuxième évêque d’Aix après saint Maximin.

Le 25 : saint Probace, disciple de Notre Seigneur Jésus-Christ, apôtre de Tourves (dans le Var).

Le 27 : saint Césaire moine de Lérins puis évêque d’Arles…

Recommandation spirituelle de la semaine

Pour nous retenir dans l’égarement de tant et trop de touristes, regardons et prions ces grands Saints que nous fêterons dans cette quinzaine, qui nous montrent à des titres divers ce que doit être la vie d’un Catholique, même en vacances…

Cette deuxième quinzaine du mois d’août est décidément très riche en Saints de première grandeur. Lisons leurs vies au moins dans de bons résumés. Demandons-leur d’être auprès de nous pour leur demander un avis sur la façon dont ils vivraient avec nous dans les circonstances qui sont les nôtres. Seraient-ils moins saints ? Trouveraient-ils que nous avons de grrraaannndes excuses pour nous démarquer d’eux comme nous le faisons ?


Dimanche 14 septembre 2025
L’Exaltation de la Sainte Croix
2e classe
Temps après la Pentecôte



Oraison - collecte
Ô Dieu, qui nous donnez aujourd’hui un sujet de joie dans la fête annuelle de l’Exaltation de la sainte Croix, faites, nous Vous en prions, que nous méritions de recueillir dans le Ciel les récompenses acquises au moyen de la rédemption de Celui dont nous avons connu le mystère ici-bas. Par le même Jésus-Christ Votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles.
Ainsi soit-il

Vie du Saint du jour
Le 14 septembre 335 on fit la dédicace de la basilique constantinienne qui renfermait dans son enceinte le Calvaire tout à la fois et le Saint Sépulcre.

« Ce fut à cette date, dit Etheria, moniale du IVe siècle férue de Liturgie et connaissant bien Jérusalem, qu’on découvrit la Croix. Et c’est pourquoi on célèbre l’anniversaire avec autant de solennité que Pâques et que l’Épiphanie ».


Ce fut l’origine de la fête de l’Exaltation de la Croix. « Lorsque Je serai exalté, J’attirerai tout à Moi », avait dit Jésus. C’est parce que le Sauveur S’est humilié en Se faisant obéissant jusqu’à la mort de la Croix que Dieu L’a élevé et Lui a donné un Nom au-dessus de tout nom. Aussi devons-nous nous glorifier dans la Croix de Jésus, car Il est notre vie et notre salut, et protège Ses serviteurs contre les embûches de leurs ennemis.

Vers la fin du règne de Phocas, Chosroës, roi des Perses, dit la légende [« ce qui doit être lu »] du Bréviaire, s’empara de Jérusalem où il fit périr plusieurs milliers de Chrétiens et emporta en Perse la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que sainte Hélène avait dé-posée sur le mont Calvaire.

Héraclius, successeur de Phocas, eut recours aux jeûnes et aux prières multipliées, implorant avec beaucoup de ferveur le secours de Dieu. Il rassembla une armée et défit Chosroës. Il exigea alors la restitution de la Croix du Seigneur. C’est ainsi que cette précieuse relique fut recouvrée quatorze ans après qu’elle était tombée en la possession des Perses.


De retour à Jérusalem, Héraclius la prit sur ses épaules et la reporta, en grande pompe, sur la montagne où le Sauveur l’avait Lui-même portée.

C’était en 629. Cette action fut marquée par un éclatant miracle. Héraclius, tout chargé d’or et de pierreries, sentit une force invincible l’arrêter à la porte qui donnait accès au mont Calvaire ; plus il faisait d’efforts pour avancer, plus il semblait être fortement retenu. Comme l’empereur et avec lui tous les témoins de cette scène étaient stupéfaits, Zacharie, Évêque de Jérusalem, lui dit : « Prenez garde, ô empereur, qu’avec ces ornements de triomphe, vous n’imitiez assez la pauvreté de Jésus-Christ et l’humilité avec laquelle Il a porté Sa Croix. »

Héraclius, se dépouillant alors de ses splendides vêtements, et détachant sa chaussure, jeta sur ses épaules un vulgaire manteau et se remit en route. Cela fait, il accomplit facilement le reste du trajet et replaça la Croix sur le mont Calvaire, à l’endroit même où les Perses l’avaient enlevée.


La solennité de l’exaltation de la sainte Croix, que l’on célébrait chaque année en ce même jour, prit alors une grande importance, en mémoire de ce qu’elle avait été remise par Héraclius, au lieu même où on l’avait dressée la première fois pour le Sauveur.


Unissons-nous en esprit aux fidèles qui dans l’église de Sainte-Croix à Rome vénèrent aujourd’hui les reliques du Bois sacré qu’on y expose, afin qu’ayant été admis à l’adorer sur terre en cette solennité où nous nous réjouissons de son Exaltation, nous soyons de même, durant l’Éternité, mis en possession du salut et de la gloire qu’il nous a procurés.


 voir la grande vie du Saint


Résolution pratique du jour
Méditez souvent sur la Croix de Jésus-Christ ; exaltez-la dans votre cœur.

Méditation du jour
Quel homme fut aimé comme le Crucifié du Calvaire ?  suite

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