N° 1326-1327
INATTENTION, EXCUSES ET… CONSOLATIONS

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C’est évidemment par inattention et même étourderie que j’ai reproduit, dans le dernier Bulletin Dominical, une seconde fois le passage du texte de saint Jean Chrysostôme déjà donné dans le précédent. Je vous en fais, ô lecteur, mes excuses. Pourtant cela m’a été l’occasion d’une consolation : c’est que la remarque m’en a été faite par une jeune personne qui me demandait si c’était fait exprès parce que le sujet me paraissait très important.

J’ai donc reçu cette remarque prouvant qu’on lisait avec une certaine attention : consolant, non ? Et puis : bis repetita placent, l’enseignement n’est-il pas à base de répétition ? Du coup j’ai confirmé qu’il s’agissait d’une erreur, mais j’ai aussi confirmé que je crois très important ces questions d’éducation, que sans éducation il est très difficile de construire une intelligence, une âme.

LA POLITESSE ET LE BEAU

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La politesse est un reflet, un rayonnement, une manifestation de quelque chose de moins visible : précisément l’éducation, une forme donnée à un être, c’est-à-dire ce que la civilisation a fait de telle personne par la médiation des parents et autres maîtres. On voit qu’il doit bien sûr s’agir de la civilisation chrétienne, fondée sur les lois de Dieu et de l’Église.

On voit aussi que la politesse n’a ce caractère de reflet qu’à la condition évidente qu’il s’agisse de quelque chose de cohérent, d’homogène, d’uni (unité dans l’être de chaque personne). Sinon, il ne s’agit plus que d’une façade plus ou moins hypocrite, d’un sépulcre blanchi (Mt. XXIII, 27).

La politesse est ici, par rapport à l’éducation, aussi importante que le beau par rapport au vrai. Le beau est la splendeur du vrai. La politesse n’est-elle pas la splendeur de l’éducation ?

Cela suppose donc que le vrai soit authentique, enseigné, reçu, digéré, afin que le beau puisse ensuite s’en dégager. Le beau seul, l’art pour l’art, est surnaturellement inconsistant puisqu’il ne repose pas sur le Vrai, mais sur de l’imaginaire produit du naturalisme. On le mesure dans les arts païens, surtout lorsqu’ils sont arrivés à une certaine perfection naturelle, philosophique, comme l’art grec qui a précisément tellement fait « rêver » la prétendue « Renaissance » : beauté de la forme physique d’où tout surnaturel est oublié, exclu. On remarquera que dans ce cas, la philosophie étant arrivée à une certaine perfection, l’art qui l’accompagnait avait ce réalisme, cette objectivité honnête, cette vérité naturelle : la correspondance entre la réalité et sa représentation artistique. Mais la décadence morale, intellectuelle, d’une liberté mal comprise a provoqué les délires subséquents pour parvenir à nos « arts modernes » puis « contemporains » si débiles, quoique produits souvent par des personnes ayant des dons (de Dieu) très réels mais tellement dévoyés par rapport à ce que Dieu nous a fixé : l’immoralité fausse nécessairement la conscience et détraque l’intelligence.

DU VOUSSOIEMENT ET DU TUTOIEMENT

(suite de) : voir Bulletin Dominical N° 1324-1325 #783

Le début de la question : voir Bulletin Dominical N° 1319 #1070

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Mais revenons à la politesse. Qui n’a jamais apprécié les égards qu’on lui rendait avec justice (car c’en est une) et justesse (lorsque c’est proportionné) ? Qui n’a trouvé « charmant » tel enfant saluant avec grâce et distinction les adultes ? Qui, malgré la décadence et le laisser-aller généralisés, n’a trouvé plus ou moins pénible —voire insupportable— ces enfants, ces adultes « grossiers » ?

Nous avons évoqué le voussoiement (Bulletin Dominical N° 1322-1323). Quid du tutoiement ?

« TUTOYER : 1° : Dire à quelqu’un tu et toi, au lieu de vous, qui est la forme polie dans notre langue. “Pour moi, j’aimerais mieux traiter un valet de vous que de tutoyer un prince” (Bussy, dictionnaire de Trévoux). “Les quakers [protestants rigoristes dérivés du puritanisme anglo-américain ; ils n’admettent aucune hiérarchie ecclésiastique, ne se découvrent jamais, même devant le roi ; ils se manifestent comme philanthropes…] emploient le tutoiement avec tout le monde” (Voltaire). “En Allemagne, supprimer le monsieur et le madame serait une grossièreté pareille à tutoyer parmi nous” (St-Simon). “Nous nous tutoierons, quand nous serons ivres” (Diderot). “Il y a encore une autre mauvaise habitude, c’est de tutaïer tout le monde” (Dufrény) » (Littré, Dictionnaire… 1878).

Voyez-vous maintenant notre « civilisation moderne » et son lien avec l’américanisme, le protestantisme, l’ivresse ? Même les Voltaire et autres Diderot révolutionnaires s’en offusquent, tant leur lien avec la vraie civilisation est encore vivace. Relisez tranquillement cette définition du dictionnaire : le « vous, qui est la forme polie dans notre langue »…

Certains dictionnaires modernes mélangent le vrai avec les mensonges éhontés (à moins qu’il ne s’agisse d’une malheureuse « coquille » ?) : « On vouvoie (début XXe ; on voussoie XIXe) normalement les inconnus, ses supérieurs, et toutes les personnes avec qui on n’a pas de liens étroits. » (Petit Robert 1970, qui a pourtant mes sympathies pour certaines facilités d’utilisation et précisions étymologiques). On a vu précédemment que le verbe correct ne date pas du XIXe mais au moins du XIVe siècle pour ce qui regarde le français… Et tandis que le Petit Larousse (1973) renvoie purement et simplement le mot voussoiement à celui de vouvoiement, c’était exactement le contraire vingt-cinq ans plus tôt (le débarquement américain n’avait pas encore produit tous ses effets) dans le Nouveau Larousse universel (1949).

(à suivre) : voir Bulletin Dominical N° 1329

ON AIME TROP LE MONDE ET PAS ASSEZ DIEU

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« On a trop peur du monde et pas assez de Dieu ; on aime trop le monde et pas assez Dieu. Aussi qu’il sera beau le jour où quiconque se dit Chrétien, brisera les chaînes de cet esclavage qui est un des honteux caractères de notre Société, et criera haut et clair : “À nous la liberté des enfants de Dieu !” Ce jour-là, redoutant, d’une part, les reproches de Dieu, et désirant, de l’autre, Ses largesses, chacun saura prier, travailler, se sacrifier, souffrir même s’il le faut, mais apportera sa part d’énergiques efforts pour ressusciter l’antique Foi catholique de la France. Tel est le vœu de Notre-Dame de La Salette. » (Chanoine A. Sockeel, Le Mois de La Salette, 1903)

Pour nous aider à méditer

La volonté de Dieu est que nous recourions, dans les choses douteuses et d’importance, à ceux qu’Il a établis sur nous pour nous conduire, et que nous demeurions totalement soumis à leurs conseils et à leurs opinions en ce qui regarde la perfection de nos âmes. (S. François de Sales, Les vrais entretiens spirituels. De la volonté de Dieu , XVI).

Recommandation spirituelle de la semaine

Nous voici au cœur de ce mois de Marie d’automne. Avec en son centre l’Apparition de Notre-Dame à La Salette encadrée par les Sept Douleurs de la Sainte Vierge et de la fête de Notre-Dame de la Merci. Merci, du latin merces, salaire, puis faveur, grâce. D’où le sens premier : miséricorde, grâce, pitié, avec l’expression : « Crier, implorer merci ». Ce qui était demandé pour les captifs de l’islam puis du démon et des vices. À notre tour de prier ainsi.


Samedi 16 août 2025
S. Joachim,

père de la Bienheureuse Vierge Marie,

confesseur
2e classe

Temps après la Pentecôte



Oraison - collecte
Ô Dieu, qui, de préférence à tous Vos Saints, avez choisi le bienheureux Joachim pour qu’il fût le père de la Mère de Votre Fils, accordez-nous, s’il Vous plaît, la grâce d’être constamment protégés par celui dont nous célébrons la fête. Par le même Jésus-Christ Votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles.

Ainsi soit-il

Vie du Saint du jour
Voulant associer le nom de saint Joachim au triomphe de sa fille bénie, l’Église a transféré sa fête du 20 mars au lendemain de l’Assomption. Léon XIII, qui avait reçu au baptême le nom de Joachim, éleva sa fête et celle de sainte Anne au rite double de 2e classe (1879).


« Saint Joachim et sainte Anne, dit saint Épiphane, attirèrent sur eux, par une vie irréprochable, les divines complaisances, et méritèrent d’avoir un si beau fruit de leur union, la sainte Vierge Marie, temple et mère de Dieu. Saint Joachim, sainte Anne et la bienheureuse Vierge Marie offraient manifestement à eux trois un sacrifice de louange à la Trinité. Le nom de Joachim signifie préparation du Seigneur. N’est-ce pas lui, en effet, qui prépare le Temple du Seigneur, la Vierge ? ».


Aussi l’Introït et le Graduel de la Messe font-ils ressortir les vertus de ce grand Confesseur et nous rappellent-ils les nombreuses aumônes que faisait ce Saint, car, selon une tradition, il divisait ses biens en trois parties, dont la première était destinée au temple et ses ministres, la seconde aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, il ne se réservait que la troisième.


« Bienheureux couple, dit à son tour saint Jean Damascène, toute la création vous est redevable. C’est en effet par vous qu’elle a pu offrir au Créateur un présent au-dessus de tous les présents, la chaste mère, qui seule était digne de ce Créateur. Réjouis-toi, Joachim, car un Fils nous est né de ta fille ». Et l’Évangile est consacré à nous montrer la descendance royale de ce Fils, car c’est en épousant Marie, fille de Joachim ou Héliachim, que Joseph fils de Jacob, fit de Jésus l’héritier légal de David.


Comme la grâce perfectionne la nature sans la détruire, l’on peut affirmer que saint Joachim, uni comme saint Joseph et sainte Anne par un lien très intime à la mère de Dieu et à son Fils, est appelé à exercer son patronage perpétuel à l’égard de l’Église, prolongement de Jésus, ou de nos âmes dont Marie est la mère.


« Offrons en ce jour à Dieu le Saint Sacrifice en l’honneur du saint Patriarche Joachim, père de la Vierge Marie, afin que sa prière, jointe à celle de son épouse et de leur enfant béni, nous mérite la pleine rémission de nos péchés et la gloire éternelle. »


 voir la grande vie du Saint


Résolution pratique du jour
Nos marques de respect ne doivent pas seulement s’adresser à nos supérieurs, pas même seulement à nos égaux, nous devons nous respecter « l’un l’autre », nous devons respecter même nos inférieurs ; personne ne doit être exclu de notre respect. On peut, envers un serviteur, un homme sans éducation, un pauvre, employer d’autres formes de politesse, mais nous devons être polis même envers le dernier domestique de la maison, même envers le plus pauvre mendiant qui se tient à notre porte, même envers le plus simple illettré.

Méditation du jour
La patience est un moyen de parvenir à l’humilité  suite

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