|
SS. Maccabées
1er août
RÉSUMÉ : Les sept frères Maccabées furent martyrisés avec leur mère, sous Antiochus Épiphane, vers 150 avant Jésus-Christ. La sainte Écriture nous raconte leur mort magnifique (II Maccabées, VII). Leurs reliques, honorées à Antioche du temps de saint Jérôme, furent déposées à Rome dans l’église de Saint-Pierre aux Liens, au cours du VIe siècle. Puisque les Maccabées, dit saint Grégoire de Nazianze, ont enduré le martyre avant la Passion de Jésus-Christ, que n’auraient-ils point fait, s’ils avaient été persécutés après Jésus-Christ, avec l’exemple de la mort qu’Il a soufferte pour notre salut ? ». 1470 Quoique ces illustres frères, dit saint Augustin, aient souffert le martyre plusieurs siècles avant la naissance de Jésus-Christ, ils l’ont néanmoins enduré pour la Foi de Jésus-Christ. Il faut que le mérite de ces Martyrs soit grand, en effet, pour que l’Église ait inséré leur mémoire dans son office ecclésiastique, honneur qu’elle n’a fait ni à Jérémie, ni à Isaïe, ni à aucun autre martyr de la Loi écrite ; non pas même à Abraham, ni à Moïse, ni à David, quoique le premier ait été la tige du peuple de Dieu ; celui-là, le grand législateur de l’Ancien Testament ; et ce dernier, le chef de la famille royale dont Notre-Seigneur a voulu tirer Son origine temporelle. Il est donc de notre devoir d’instruire aujourd’hui les fidèles de la qualité des souffrances de ces glorieux Martyrs, et de la générosité avec laquelle ils ont, avec leur sainte mère, enduré la mort pour l’observance de la Loi de Dieu et des traditions de leurs pères. Antiochus IV, surnommé Épiphane ou l’Illustre, et par ironie Épimane ou l’Insensé, roi d’Asie, s’étant rendu maître de la Palestine, et ayant pris Jérusalem, dont il enleva toutes les richesses sacrées et profanes, et fait égorger plus de cent mille des habitants, forma le détestable dessein de détruire entièrement la religion des Juifs en les forçant partout d’adorer les idoles et de fouler aux pieds la Loi de Moïse. Étant donc retourné à Antioche, il envoya en Judée le plus barbare de ses officiers, avec un ordre de profaner le Temple de Salomon, et celui que les Samaritains avaient bâti sur la montagne de Garizim (Palestine), en dédiant le premier à Jupiter Olympien, et l’autre à Jupiter Hospitalier ; et, de plus, de contraindre, par toutes sortes de supplices, ce qui restait de fidèles parmi les Juifs, de renoncer au judaïsme et d’embrasser la religion des Gentils. Cet officier impie n’oublia rien pour l’exécution de cet ordre : il établit de tous côtés des juges et des lieutenants idolâtres qui forçaient les plus faibles à immoler des victimes sur les autels des idoles, et faisaient une horrible boucherie de tous les fidèles qui résistaient à leur tyrannie. Ces sept frères faisaient partie, avec leur mère, nommée Salomona, ou Salomé, qui les avait élevés et fortifiés dans la crainte de Dieu et dans l’amour de Ses commandements, de ceux qui firent paraître le plus de générosité et dont le Saint-Esprit nous a décrit le plus amplement les combats et les victoires. Ils étaient du bourg de Susandre, selon l’historien Josèphe, et l’aîné s’appelait Maccabée, le second Abel ou Aber, le troisième Machir, le quatrième Judas, le cinquième Achaz, le sixième Areth, et le septième Jacob. Ils furent néanmoins tous nommés Maccabées : soit à cause de leur aîné, soit parce que ce nom, qui signifie, selon l’hébreux, une personne qui combat généreusement, leur était très convenable. Ils furent conduits à Antioche, et le roi entreprit lui-même de les gagner, et des les forcer à quitter la Loi de Dieu. Il usa d’abord de promesses et de menaces, les assurant, que s’ils voulaient seulement manger du porc, il les comblerait de grâces, et les rendrait très-puissants dans ce royaume ; mais qu’au contraire, s’ils refusaient de lui obéir, il les ferait passer par des supplices inouïs, et dont ils ne pourraient jamais supporter la rigueur. Tous ses discours ne les pouvant ébranler, il commanda qu’ils fussent fouettés avec des verges et des lanières de cuir de bœuf. L’aîné prit la parole et dit : « Qu’est-il nécessaire de nous donner la question ? Nous vous dirons hautement que nous sommes serviteurs du vrai Dieu, et que nous mourrons plutôt que de transgresser Sa Loi ». Cette fermeté aigrit tellement le roi, qu’ayant fait chauffer des poêles et de grandes marmites de cuivre, il commanda d’abord qu’on coupât la langue et les extrémités des pieds et des mains à ce généreux confesseur qui avait parlé le premier, et qu’on lui arrachât aussi toute la peau de la tête en présence de tous ses frères. Après quoi le voyant encore respirer, bien que mutilé de ses principaux membres, il le fit jeter dans une de ces poêles ou chaudières embrasées, où il souffrit longtemps d’une manière très cruelle. Son supplice, bien loin d’étonner ses plus jeunes frères, enflammait au contraire leur courage, et on les voyait dans une sainte impatience d’imiter sa générosité et de donner comme lui leur vie pour l’espérance d’une récompense éternelle. Ils s’exhortaient même les uns les autres en présence du tyran et se fortifiaient par ces paroles du cantique de Moïse ; « Le Seigneur aura pitié de Ses serviteurs, et les consolera ». Le premier étant mort, les bourreaux prirent le second, et, après lui avoir enlevé la peau de la tête avec les cheveux, ils lui demandèrent s’il attendait pour obéir qu’on l’eut tourmenté dans tout son corps et dans chacun de ses membres. « Vos tourments, répond-il, ne gagneront rien sur moi, et ne me porteront pas à une obéissance impie et sacrilège ». Ils le traitèrent donc comme ils avaient traité son aîné : et, lorsqu’il fut près de mourrir, adressant la parole à Antiochus, il lui dit : « Ô scélérat et le plus impie de tous les hommes ! Vous nous ôtez présentement la vie par le pouvoir que Dieu vous a donné ; mais ce souverain Juge des vivants et des morts nous la rendra un jour avec avantage, puisque ce sera pour vivre éternellement et ne plus mourrir, parce que nous ne la perdons que pour le soutien de Ses saintes Lois ». Le troisième fut ensuite saisi, et on lui demanda sa langue et ses mains pour les couper. « C’est du Ciel, répondit ce généreux enfant, que j’ai reçu ces membres, et j’en suis redevable à Dieu, qui me les a donnés : ainsi, je les livre et les perds de bon cœur pour l’observance de Ses commandements, étant d’ailleurs assuré qu’Il me les rendra heureusement changés et devenus incorruptibles ». Ainsi, il les présenta sans différer, et avec tant de constance et de fermeté, que le roi même et ses officiers en étaient tout surpris. Après son exécution, où il fit paraître un mépris admirable de la mort, on appliqua le quatrième à la torture. Comme on ne lui avait pas coupé la langue, étant près de rendre l’âme, il apostropha le prince, et lui dit : « Il nous est bien plus avantageux de mourrir par vos mains pour ressusciter un jour d’une résurrection glorieuse, que de souffrir ce que vous endurerez alors pour vos crimes ; car vous ne ressusciterez par pour la vie, mais pour la mort, et vous n’aurez point d’autre partage que les supplices de l’enfer qui ne finiront jamais ». Les bourreaux saisirent aussitôt le cinquième et le firent passer par les mêmes tortures ; jetant les yeux sur Antiochus, il lui dit : « Ne pensez pas, en nous voyant livrés à votre cruauté et exposés à vos supplices, que Dieu ait abandonné notre nation : attendez un moment et vous verrez comment par sa puissance infinie Il relèvera notre bassesse, et vous châtiera vous-même avec votre postérité pour la grandeur de vos crimes ». Le sixième passa par les mêmes rigueurs, et, lorsqu’il fut près d’expirer, étant rempli comme ses frères de l’esprit de prophétie, il parla au tyran et lui dit : « Ne vous trompez pas, misérable, et ne croyez pas qu’il n’y ait point de justice au Ciel pour venger notre mort et pour punir vos cruautés ; nos péchés ont attiré ce fléau ; mais Dieu, qui nous a soutenus d’une manière admirable au milieu de tant de tourments, saura bien vous châtier à votre tour ; non pas en père, comme Il nous a châtiés, mais en juge sévère qui vous fera sentir ce que c’est que de combattre contre Lui ». Au milieu de ces sanglants spectacles, il n’y avait rien de plus merveilleux que de voir la patience et la générosité de leur mère : bien loin de perdre courage en voyant enlever et massacrer en un même jour ses sept enfants, elle se consolait, au contraire, dans l’espérance de la vie immortelle dont elle savait qu’ils seraient récompensés de la main de Dieu. Elle les exhortait même l’un après l’autre dans sa langue naturelle, et remplie de sagesse et d’un courage plus que viril, elle leur disait : « Ce n’est pas moi, mes chers enfants, qui vous ai donné l’esprit, l’âme et la vie dont vous jouissez, ni qui ai formé vos membres et les parties dont votre corps est composé. Je ne savais même pas ce qui se passait dans mon sein lorsque vous avez été conçus ; mais vous êtes redevables de ces bienfaits au Créateur du monde qui sait donner à toutes choses les origines qui leur sont convenables ; et c’est aussi Lui qui, par Sa miséricorde, vous rendra l’esprit et la vie que vous méprisez maintenant pour la sainteté de Ses Lois ». Cependant Antiochus, tout couvert de honte et rongé de dépit de se voir vaincu par ces six généreux enfants, crut qu’il était de son honneur de gagner au moins le septième, que la faiblesse de son âge semblait rendre incapable de résistance ; il lui fit donc mille belles promesses, et l’assura même avec serment qu’il le rendrait riche et bienheureux, s’il voulait se rendre à ses volontés. Mais l’enfant, ne dégénérant en rien de la constance de ses frères, protesta qu’il n’en ferait rien, et qu’il mourrait fidèle à son Dieu, selon l’exemple que ses frères lui en avaient donné. Le tyran, ne pouvant rien gagner sur lui, fit approcher sa mère ; et comme apparemment il n’avait pas entendu ce qu’elle avait dit à ses enfants, parce qu’il ne savait pas sa langue, il l’exhorta bien au long à inspirer un bon conseil à ce dernier fils qui lui restait, afin qu’il pût vivre avec elle dans une heureuse tranquillité et dans la jouissance de beaucoup de biens qu’il leur voulait donner. La mère répondit qu’elle lui allait conseiller ce qui lui était le plus avantageux : et, en même temps, s’étant abaissée vers lui, et se moquant du cruel tyran, elle lui dit : « Soyez courageux, mon cher fils, et ne me rendez pas, par inconstance et par pusillanimité, la mère d’un infidèle et d’un sacrilège. Souvenez-vous que je vous ai porté neuf mois dans mon sein, et que je vous ai nourri trois ans du lait de mes mamelles : j’ai pris un soin particulier de votre éducation, et je vous ai élevé ensuite avec beaucoup de peine jusqu’à l’âge où vous êtes maintenant. Toute la reconnaissance que je vous demande, c’est que vous regardiez le ciel et la terre et toutes les créatures qui y sont renfermées, et que, reconnaissant par là la puissance infinie de Dieu, qui a tiré l’homme et toutes ces choses du néant, vous demeuriez inviolablement attaché à Son service. Par ce moyen, vous serez digne de vos frères, qui vous ont précédé dans le martyre ; et, si je vous perds pour la vie présente, je vous recouvrerai avec eux au jour de la miséricorde et de la justice où Dieu rendra à chacun selon ses œuvres ». À peine eut-elle achevé ces paroles que l’enfant s’écria : « Qu’attendez-vous, bourreaux, pourquoi différez-vous à me faire mourrir ? Je n’obéis point aux commandements du roi, mais aux ordonnances de la Loi qui nous a été donnée par Moïse. Pour vous, prince inique et impie, qui avez inventé tant de cruautés contre les Hébreux, vous n’échapperez pas aux rigueurs de la main vengeresse de Dieu. Si nous souffrons quelques maux passagers en punition de nos offenses, ce n’est là qu’une correction et un châtiment de père ; Celui qui nous châtie nous sera bientôt propice, et, nous ayant réconciliés avec Lui par Sa bonté, Il nous remplira de Ses bénédictions et nous relèvera de notre humiliation. Mais vous, tyran cruel et barbare, qui surpassez par votre malice l’iniquité de tous les autres hommes, ne vous flattez pas de vaines espérances. Dieu voit vos crimes et Il a le pouvoir de vous châtier, et ne doutez point qu’Il ne le fasse dans toute l’étendue de Sa fureur et de Son indignation. Il est vrai que mes frères ont enduré quelques tourments ; mais enfin ils en sont quittes et ils jouissent maintenant d’un parfait repos dans l’attente de la vie éternelle. Il n’en est pas de même de vous, puisque la justice de Dieu vous prépare pour votre orgueil de rudes peines dont toute votre puissance ne vous pourra exempter. Sachez donc, qu’à l’imitation de mes frères, je livre volontiers mon corps à la mort pour le soutien des Lois de notre sainte religion, et apprenez de moi, en même temps, que la juste colère que Dieu a conçue contre notre nation va s’éteindre par mon supplice aussi bien que par celui de mes frères, qui m’ont devancé ». Le roi fut étrangement irrité de cette réponse, le fit donc traiter encore plus cruellement que les autres, mais il mourut dans ces saintes dispositions et sans qu’on eût pu rien gagner sur sa constance. Après ces sept enfants, leur mère fut aussi mise à mort ; mais elle était déjà morte sept fois par la mort de ces précieux gages qu’elle aimait plus qu’elle même ; ou plutôt elle avait déjà gagné sept couronnes et sept vies en fortifiant ses enfants pour préférer la vie éternelle et incorruptible aux moments fragiles et incertains d’une vie temporelle. Saint Augustin relève admirablement leur mérite lorsqu’il dit en parlant de ces enfants : « Si ces âmes généreuses ont enduré si constamment la mort avant la Passion du Fils de Dieu, sans être animées de la vue de Sa Croix et de l’exemple de Ses souffrances, que n’eussent-elles pas fait si Jésus-Christ eût souffert avant elles et qu’elles se fussent senties obligées de lui donner corps pour Corps, sang pour Sang et vie pour vie ! ». L’historien Josèphe nous apprend quelques circonstances de l’exécution de cette glorieuse mère qui ne sont point dans l’Écriture sainte ; et, après avoir dit qu’elle s’appelait Salomona, qui est le même nom que Salomé, il ajoute : « On la dépouilla, on l’attacha par les mains au haut d’un poteau, on lui coupa les deux mamelles, et, après l’avoir cruellement déchirée à coups de fouet par tout le corps, on la jeta dans une chaudière d’huile bouillante, où, en faisant sa prière pour les femmes qui seraient enceintes, elle rendit son âme à Dieu pour être portée dans les limbes et déposée dans le sein d’Abraham ». Leur martyre se passa entre 161 et 164 avant Jésus-Christ. |
Mercredi 11 décembre 2024
S. Damase Ier, pape et confesseur Temps de l’Avent Mémoire de la deuxième semaine de l’Avent Oraison - collecte
Vie du Saint du jour Résolution pratique du jour
Méditation du jour
|
||||