Considère bien,
ô homme,
la nature de la richesse.
Pourquoi cette admiration pour l’or ?
L’or n’est qu’une pierre ;
une pierre aussi l’argent,
une pierre la perle,
une pierre chacune des pierres...
Voilà les fleurs de la richesse.
Il en est que tu enfermes,
attentif à couvrir de ténèbres
des pierres brillantes,
d’autres que tu exhibes
pour te parer
de leur éclat précieux.
À quoi bon, dis-moi,
promener une main chargée de pierreries ?
N’as-tu pas honte d’aimer
des cailloux ?...
Quel bellâtre cependant a pu prolonger sa vie d’un seul jour ?
Qui a été épargné par la mort
à cause de sa fortune.
Qui a su détourner la maladie
à force d’argent ?
Jusques à quand rechercheras-tu l’or,
piège des âmes,
hameçon de la mort,
appât du péché ?
À quoi bon l’or ?
Pour porter des vêtements de prix ?
Mais une tunique de deux coudées te suffira,
un manteau jeté sur tes épaules
répondra à toutes les nécessités de ton habillement.
Dépenseras-tu ta richesse pour la table ?
Un seul pain est suffisant
pour te remplir l’estomac...
Regrettes-tu la gloire
qu’assure la fortune ?
Mais si tu ne recherches pas la gloire d’ici-bas,
tu trouveras la vraie,
celle qui conduit
au royaume des Cieux.
(Saint BASILE, Docteur de l’Église)