D’où vient ce dégoût des choses spirituelles
et du service de Dieu,
qui est si ordinaire aux gens du monde,
et si préjudiciable à leur salut,
qu’ils abandonnent souvent
l’étude de la vertu
par la seule aversion qu’ils en ont,
ne pouvant s’imaginer
qu’il y ait d’autres plaisirs
que ceux des sens ?
Certainement ce malheur ne vient que du peu de connaissance
qu’ils ont de Jésus-Christ,
qui est la source de toutes les délices spirituelles.
Car qui ne sait que c’est dans l’entretien que nous avons avec Lui
que nous acquérons la vraie dévotion,
et cette facilité merveilleuse
à pratiquer toutes les œuvres de vertu
qu’on ne peut assez priser,
et que ceux qui en sont privés
admirent d’autant plus,
qu’ils ressentent eux-mêmes de plus grandes difficultés,
là où les autres trouvent des consolations qui surpassent si fort
tous les plaisirs des sens,
que quand un homme les pourrait avoir tous ensemble,
ce ne serait qu’amertume
au prix de la joie de l’esprit
que Jésus-Christ fait goûter à ceux qui L’aiment
et qui s’étudient à Le connaître ?
Ce qui a fait dire à saint Jean Climaque que le Fils de Dieu paie comptant,
dans l’entretien que nous avons avec Lui,
le centuple de ce que nous quittons pour Son amour,
avec des gages certains de l’entière récompense
qu’Il nous promet dans le Ciel.
(R.P. Jacques Nouet, s.j. 1605-1680. Contre les protestants, le Père Nouet défendit le dogme de la présence réelle dans un ouvrage qui contribua à la conversion de Turenne (1667). Il se donna à la prédication et combattit les Jansénistes.)