Au fond d’une petite crèche,
d’une petite église,
d’un petit village,
il y a,
pour l’humanité,
en la profondeur de sa détresse,
plus de bonheur
que l’illumination fantastique
des grands boulevards des grandes cités.
Appuyé sur la minuscule main de l’Enfant-Jésus,
le monde des âmes tient.
Retirée la divine main,
il roule aux abîmes noirs.
Il n’y a pas deux sauveurs.
Il y en a un.
Et Il suffit.
Et cet unique,
c’est Lui.
Ce fut Lui,
c’est Lui,
ce sera Lui.
Hier,
aujourd’hui,
demain.
Ceux-là n’en peuvent douter
qui regardent en face
la leçon des choses,
et sur le visage des hommes
savent lire le secret.
Avec Lui fut apportée la bonne nouvelle.
Par Lui,
elle continue de courir sur les fronts anxieux,
comme un souffle léger
sur la cime des épis qui tremblent…
Puisse-t-elle, pour être redite,
trouver assez de bouches généreuses,
de peur, si elle cessait de passer sur les générations,
que ne roule sur elles
une tempête de meurtre
et un poids formidable
de brutalité !
Et tout cela,
parce que,
dans ce Petit qui sourit,
« habite corporellement la plénitude de la divinité ».
Petit Jésus,
nous Vous glorifions !
Nous Vous louons !
Nous Vous adorons !
Et pour tous ceux qui,
sans le savoir,
assez pour Vous en aimer,
seront sauvés par Vous,
nous Vous bénissons.
(R.P. Bellouard, o.p.)
[ Le RP Bellouard a été prieur à Jérusalem juste après la guerre (1945), puis en Égypte à l’Institut dominicain d’études orientales (IDEO) du Caire :
Il reconnaît la nécessité de se donner tout entier au travail, un ministère mondial à longue échéance passant avant un ministère local si pressant fût-il.
Puis, en 1950, il accepte d’autant mieux une nomination au Caire qu’il préfère à un retour à Paris où la jeunesse, qu’il avait tant aimée, avait évolué en France et échappait quelque peu à son psychologisme. (Fr. A. Marillier, « Le T.R.P. Bellouard », dans « France dominicaine, N°5, mai 1953, cité par Dominique Avon, « Les Frères prêcheurs en Orient, Les dominicains du Caire, années 1910 - années 1960, p. 471, Le Cerf, Paris-2005) ]