Oui, ô mon Dieu !
je veux me donner à Vous ;
donnez-m’en le courage,
fortifiez ma faible volonté
qui soupire après Vous ;
je Vous tends les bras,
prenez-moi ;
si je n’ai pas la force de me donner à Vous,
attirez-moi
par la douceur de Vos parfums,
entraînez-moi après Vous
par les liens de Votre amour.
Seigneur,
à qui serai-je
si je ne suis à Vous ?
Quel rude esclavage
que d’être à soi
et à ses passions !
Ô vraie liberté
des enfants de Dieu !
on ne vous connaît pas.
Heureux qui a découvert
où elle est et qui ne la cherche plus
où elle n’est pas !
Heureux mille fois
qui dépend de Dieu
en tout
pour ne plus dépendre
que de Lui seul !
Mais d’où vient
que l’on craint de rompre ses chaînes ?
Les vanités passagères
valent-elles mieux
que Votre éternelle vérité
et que Vous-même ?
peut-on craindre
de se donner à Vous ?
Ô folie monstrueuse !
ce serait craindre son bonheur ;
ce serait craindre de sortir de l’Égypte
pour entrer dans la terre promise,
ce serait murmurer dans le désert
et se dégoûter de la manne
par le souvenir des oignons d’Égypte.
(Mgr Fénelon)